Saga des passions : Qui sont les « denim heads » ?

Si tout le monde possède un jean, certains vouent à cette toile une adoration qui dépasse parfois l’entendement. Monsieur est allé à la rencontre de collectionneurs, de passionnés et d’amateurs, afin de comprendre ce qui fait vibrer le cœur de ces « denim addicts ». Un plongeon fascinant dans le « grand bleu »… 

Jusqu’où peut aller la folie du denim ? Dans le lac d’un glacier des Alpes de Lyngen au nord de la Norvège, le comédien Jørn-Bjørn Fuller-Gee y réalise l’expérience du « soak », le premier bain d’une chemise western de 14 oz de la marque japonaise Iron Heart Denim.

Viktor Fredbäck vit à Stockholm. Il a 40 ans, un bébé, un job et… 400 jeans. Depuis 20 ans, il les collectionne. Pas n’importe lesquels. Les historiques. Du premier jean Levi’s des années 1870 jusqu’aux pantalons évasés des seventies. Cent ans d’histoire dans son placard ! L’histoire, c’est justement ce qui le fascine derrière chaque pièce qu’il collecte. Et dire que tout a commencé avec une poupée Buddy Lee des années 1920 !

Aujourd’hui, sa passion le conduit dans d’anciennes mines d’or du désert du Nevada. Forcément, ces jeans-là ne se trouvent pas dans les friperies. S’il possède une paire par décennie, il lui manquait celle de 1880. Le cinéaste Emilio Di Stefano l’a suivi, caméra à l’épaule, dans cette chasse au trésor un peu particulière. Un road-movie dans les déserts californiens et les montagnes enneigées du Colorado, à plat ventre, à la recherche de « l’or bleu » abandonné par les chercheurs « d’or jaune » du XIXe siècle.

Le coeur indigo

Ce documentaire, Denim Hunter*, les passionnés ont pu le découvrir en avant-première au dernier « Denim Days Festival » à Amsterdam. Depuis 2014, la capitale des Pays-Bas accueille en effet le rendez-vous de tous ceux qui ont le cœur indigo. Pendant deux jours, jeaners, acheteurs, addicts et fanatiques de la toile de coton sergé se rencontrent et célèbrent leur passion. En 2024, ce seront les 10 ans de cette grand-messe bleutée. De quoi enorgueillir les membres de la House of Denim Foundation, à l’origine de l’événement. Cette organisation a notamment ouvert la première « école internationale du jeans » ! De jeunes étudiants de mode peuvent ainsi passer un « Master of Denim » et se former aux techniques de fabrication. Leur point commun ? Une affection toute particulière pour ce tissu qui transcende les générations. 

Un jean toutes les 73 secondes

Y’a-t-il un vêtement plus universel que le « jean » ?  Le jean parle à tous, quels que soient les origines, l’âge et le milieu social. Son imaginaire se nourrit des plus grandes périodes de l’Occident. La ruée vers l’or, la conquête de l’Ouest et les cow-boys, la Seconde Guerre mondiale, le cinéma et ses vedettes hollywoodiennes, Marlon Brandon, James Dean et son look rebelle dans La Fureur de Vivre, la libération sexuelle ainsi que tous les mouvements contestataires et contre-culture, des punks, grunges, rastamen aux… rappeurs. Icône pop, on le retrouve sur Bob Marley, Kurt Cobain, Serge Gainsbourg et sur les toiles d’Andy Warhol, Basquiat ou Peter Blake. Tout le monde possède au moins un jean. Il s’en vendrait un toutes les 73 secondes.

Toile selvedge et « roping effect »

Mais dans le denim, il y a aussi les ceintures jaunes et les ceintures noires. Les « denim heads » – comprenez les « fous de denim » –, ne sauraient se contenter d’un jean slim acheté chez Zara. Il faut que le jean soit brut, suffisamment épais (12 oz minimum, soit env. 340 g) et de préférence conçu sur d’anciens métiers à tisser – la fameuse toile selvedge facilement identifiable à son liseré rouge, vert, orange ou bleu que l’on découvre sur la couture en retournant le bas du pantalon. Il faut aussi que les rivets soient au bon endroit, tout comme les points de chaînette et le « roping effect » – ces délavages au niveau de l’ourlet.

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Retrouvez la suite de l’article ainsi que l’intégralité des interviews de nos passionnés dans Monsieur N°165 en kiosque actuellement ou dans sa version digitale, ici

Le Suédois Viktor Fredbäck collectionne les « jeans historiques ». Il n’hésite pas à visiter les anciennes mines du Colorado ou de la Californie pour trouver ceux ayant appartenu aux chercheurs d’or. Un film documentaire réalisé par Emilio Di Stefano, baptisé Denim Hunter, retrace justement ses aventures pour retrouver le modèle de 1880 qui manquait à sa collection. ©Göta Film.
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