Pour cette troisième édition, en direct du Royal Monceau à Paris, 5 jeunes talents prometteurs se sont vu récompensés sous l’œil averti d’un jury rompu aux codes du design, soigneusement sélectionné par le magazine d’architecture AD et Range Rover.
« L’émotion, c’est le moteur du design », démarre haut et fort le designer Dan Yeffet, enseignant à l’école Camondo. Il s’agit d’instaurer un dialogue permanent entre “feel, love, rationalize”1. » « Qu’on doit ensuite projeter dans le futur », appuie Richard Stevens, lui-même au cœur du sujet puisqu’il supervise la production et le design au sein de Jaguar Land Rover. Il y a un paradoxe entre l’héritage et les nouvelles normes de sécurité. Nous engageons notre responsabilité. Push the process, but not take away the craft.2 » Voilà qui est dit. « Je démarre toujours avec la matière. C’est elle qui me guide dans le projet final, elle encore qui va m’inspirer la forme. La matière c’est la première des impressions durables », lance pour sa part l’architecte et désigneuse Sophie Dries, lauréate de la première édition. « D’où le fait de la choisir en fonction de son pouvoir de séduction », ajoute Christophe Delcourt.
Un mot clé pour honorer le lauréat
Vaste débat auquel se livraient en cette soirée les membres du jury réunis au Royal Monceau. Un choix judicieux puisque les « courtesy cars » du Royal Monceau ne sont autres que des Range Rover. Chacun avait choisi un mot clé pour honorer son lauréat. L’intemporalité pour Sophie Dries (Timeless Impact) ; la luminosité pour Christophe Delcourt (Ultimate Chic and Elegance); la fusion de la technologie et de l’artisanat pour Fleur Delesalle (Remarkable Design); le total look pour Dan Yeffet (Evolution & Innovation) ; l’héritage automobile pour Richard Stevens (Endless Reinvention). L’influence de cette dernière est indéniable dans le travail de Jean-Baptiste Anotin (Waiting for Ideas). C’est sans aucun doute ce qui a motivé le choix de Richard Stevens.
Un capot de voiture découpé
La chaise « No Seat Belt Required », une édition limitée à 8 exemplaires exposée dans le lobby, est une œuvre sculpturale entièrement faite à la main. « Elle s’inspire de A à Z de l’automobile et oui, on peut la comparer, sans se tromper, à un siège baquet. Son socle très angulaire s’apparente à un châssis de véhicule. Sa partie supérieure, l’assise, est quant à elle incurvée comme une carrosserie qu’on viendrait poser sur le châssis », explique Jean-Baptiste. Confectionnée dans un capot de voiture découpé et plié, pris dans le garage de ses parents, ce « cocon immobile » qui ne requiert aucune ceinture de sécurité a ensuite été rempli de mousse polyuréthane qu’il a fallu poncer jusqu’à obtenir la forme désirée. Une couche de fibre de verre pour consolider l’ensemble, enfin une peinture automobile « gris industriel » pulvérisée au pistolet et le tour était joué.
Le « Self Reflection »
Pour ce jeune autodidacte, cette première pièce, éditée en 2021, « est le début de tout ». Lui qui avait d’abord étudié le marketing, a vu sa vie basculer lors d’une exposition consacrée à Charlotte Perriand à la Fondation Louis Vuitton. « Le déclic a été instantané. J’ai su que c’était ça et rien d’autre que je voulais faire », confesse-t-il avec candeur. Février 2023, son fauteuil « Self Reflection », découpé au laser dans de l’aluminium, intègre les collections du Mobilier National. Février 2024 – nous y sommes –, Jean-Baptiste Anotin rejoint les lauréats des AD & Range Rover Awards dans la catégorie Endless Reinvention. Quelle belle assise pour aller de l’avant, sans avoir à attendre des idées !
par Caroline Knuckey
1 « sentir, aimer, rationaliser ». 2 « pousser le processus sans trahir la patte artisanale ».
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