Largo Winch répond au questionnaire de Monsieur

À l’occasion de son cinquantième anniversaire et la sortie du 24e opus de la série, le milliardaire le plus rebelle de la bande dessinée répond au questionnaire de Monsieur.

Largo Winch a 50 ans – « mais il paraît toujours avoir 33 ans, l’âge du Christ », plaisante Philippe Francq. Depuis 1973, ce dernier le dessine, d’abord aux côtés de Jean Van Hamme, le créateur de la série, puis désormais Éric Giacometti (auteur également de la BD à succès Antoine Marcas). Ensemble, ils viennent de sortir le 24e opus de la série ; série qui a écoulé, depuis sa création, plus de 12 millions d’exemplaires.

« C’est Spartacus qui devient César, analyse Éric Giacometti pour expliquer les raisons du succès. Largo Winch, c’est le chef d’entreprise rebelle et libre mais c’est aussi le justicier. Une image de héros éternelle. » Sans parler du dessin et des couleurs de Philippe Francq. Pour l’anecdote, ce dernier s’est inspiré, au départ, de l’acteur Kurt Russell mais aussi Patrick Swayze, dont il appréciait la virilité douce, pour dessiner le personnage de Largo.

Le nouvel album Le Centile d’Or est le second volet du dytique commencé il y a deux ans avec la Frontière de la nuit. On y retrouve le beau-gosse de la finance dans une navette spatiale, en orbite, aux côtés d’un autre milliardaire, Jarod Manskind, qui présente quelques similitudes avec le fantasque Elon Musk… Dans cet “épisode”, l’héritier de l’empire W voit les côtés obscurs du capitalisme. Alors qu’il tente de se convertir à un business plus écologique et éthique, il devra démêler une sombre affaire autour d’une mine d’étain indonésienne qui emploie des enfants.

Pour Monsieur, Largo a fait une pause dans ses dangereuses aventures. Par le truchement de ses auteurs qui ont accepté de le faire parler, le héros répond à notre mythique questionnaire.

Est-ce que vous vous habillez en prêt-à-porter ou en sur-mesure ?
Si c’est un costume, ce sera du sur-mesure. Si je pars à l’aventure, ce sera ce qui me tombe sous la main. Souvent un jean et un tee-shirt ou une chemise.

Cravate ou pas ?
Pas de cravate. Trop guindée.

Votre tenue préférée ?
Le jean-tee-shirt ou jean-chemise.

Celle que vous détestez ?
Tous les survêtements, avec ou sans capuche. Tous ces « trucs » informes qui n’ont pas de tenue.

Votre couleur ?
Blanc, noir et gris.

Vos chaussures : richelieus ou sneakers ?
Des souliers en cuir. Pas de sneakers. Et parfois des tongs… Quand on part en pirogue sur Le Maroni (Guyane)… c’est plus pratique.

Boxer ou caleçon ?
Boxer.

Qu’est-ce qu’avoir du style ?
De ne pas avoir l’air d’en avoir. C’est ça le grand art…

Avez-vous une référence en matière de style, un modèle ?
Non. J’ai peu d’admiration pour mon père adoptif. Peut-être pour mon oncle Ernst qui étaient un homme de la campagne dans Le Liechtenstein.

Votre montre ? Mécanique ou à quartz ?
Mécanique.

Combien de temps chaque matin dans votre salle de bain ?
Cinq minutes. Je me rase si j’ai le temps. Je ne suis pas du style à me coiffer – et d’autant plus depuis que j’ai une coupe plus courte. Je passe la main dans les cheveux et le tour est joué.

Votre parfum ?
Eau Sauvage.

Pliez-vous votre pantalon avant de vous coucher le soir ?
Non, ce n’est pas le style de la maison.

Préparez-vous vos affaires le soir ?
Jamais sauf lorsque je pars en voyage bien sûr.

La voiture de vos rêves ? Celle dans laquelle vous roulez ?
Je n’ai pas de voiture et je ne rêve pas d’en avoir une. Les rares fois où je me retrouve au volant, c’est souvent celui d’une voiture que j’ai volée ou empruntée. J’ai un chauffeur ou je me déplace en taxi. « Exceptée la 2CV, toutes les voitures teintent les personnes qui les possèdent d’un style, explique Philippe Francq, le dessinateur. Je n’ai pas voulu connoter Largo avec une virilité agressive. C’est un personnage qui a beaucoup de féminin en lui. Ce n’est pas un homme macho. D’ailleurs, dans ces attitudes, vous remarquerez qu’il n’est jamais assis avec les jambes largement écartées. Il a une façon de les positionner toujours élégante. »

Votre dernière « escapade » ?
La Guyane, à Kourou, au lac de Petit-Saut.

La prochaine ?
Ce sera l’Inde…

Votre objet fétiche ?
Mes deux couteaux. Un fixé à chaque cheville quand je ne les oublie pas ou qu’on ne me les prend pas.

Une obsession ?
Rester en vie.

Votre endroit favori ?
Mon île secrète de Sarjevane dans l’Adriatique. Elle y renferme un ancien monastère orthodoxe et un lac. J’aime m’y ressourcer.

Foot ou rugby ?
J’apprécie les deux. Mais je préfère pratiquer des sports solitaires comme l’escalade.

Votre menu idéal ?
Un bon bœuf de Kobé ou des nouilles aux légumes rissolées dans un wok. J’ai passé pas mal de temps en Asie.

Bordeaux ou Bourgogne ?
Bordeaux.

Réseaux sociaux ou vivons caché ?
Vivons caché.

Blonde ou brune ?
Vous parlez de la bière… ? Si ce sont des femmes, ce ne sera ni l’un, ni l’autre. Ce que je regarde avant tout ce sont les yeux. Je ne tombe pas amoureux tous les quatre matins. En général, les femmes meurent après m’avoir rencontré…

À quoi êtes-vous fidèle ?
À l’amitié.

La qualité que vous préférez chez une femme ?
L’intelligence.

Et chez un homme ?
L’intelligence aussi.

Votre film culte ?
Sur la route de Madison (Clint Eastwood).

Ce que vous aimeriez changer en vous ?
Ma solitude. Mais c’est impossible… Je ne peux pas fonder une famille car je la mettrais en danger et cela serait un levier de pression terrible sur moi et sur mon groupe. Je n’ai pas connu mon père, ma mère est morte, j’ai été adopté par un horrible bonhomme qui m’a placé dans une famille d’accueil qui a été assassinée… Ce sont des traumatismes d’enfance que je ne veux pas reproduire.

Comment aimeriez-vous mourir ?
En héros.

Le luxe absolu, c’est…
Le temps.

Propos recueillis par Hélène Claudel


Le Centile D’or, tome 24, par Philippe Francq et Éric Giacometti, éditions Dupuis, 48 p., 15,95 €. 

©Planche BD Largo Winch Le Centile d’Or.
les articles du moment