Buffalo Style

Kim Jones ou l’art de la fusion. Le directeur artistique de Dior Men a puisé l’essence de sa collection printemps 2024 dans le mouvement Buffalo qui mélangeait, dans les eighties londoniennes, le streetwear et la haute couture.

Preppy, militaire, businessman, sportif, worker… la tribu de Kim Jones rend hommage à Ray Petri, le fashion editor à l’origine du style Buffalo. (©dior men / Jackie nickerson)

Dans les années 80, à Londres, le styliste Ray Petri s’amuse à mixer les cultures. Celles des Indiens d’Amérique, des Africains, de l’Armée, mais aussi celles issues de la musique, du streetwear, du sport et de la haute couture. Adepte des castings de rue, ses éditos mode pour des magazines anglais comme The Face, i-D et Arena mélangent les genres, les styles et les points de vue esthétiques.

Sous l’objectif du photographe Jamie Morgan, ce fashion editor virtuose invente une nouvelle masculinité. Les garçons portent des jupes avec des Doc Martens et de luxueuses vestes de tailleur, des bérets militaires, des chapeaux de cowboy ou des coiffes d’Indiens. Point de féminisation des hommes pour autant, ces derniers restent virils mais autrement. Cette nouvelle mode à l’esprit punk, c’est le style « Buffalo », un pied de nez au « tout-lisse », au conformisme et aux années « fric ». Ce mouvement a beaucoup inspiré le vestiaire des hommes anglais des eighties, et la mode d’une façon plus générale. Son influence continue encore aujourd’hui.

Couture et streetwear

En effet, Kim Jones, le directeur artistique de Dior Men, qui aime casser les codes en s’inspirant des cultures underground, a été bercé pendant son adolescence par le style Buffalo dont il absorbait tous les contours à travers les pages des magazines. Il a décidé d’en puiser l’essence de sa mode printemps 2024. « La collection est un mélange d’archétypes masculins et d’éléments militaires, de preppy, workwear, businesswear, sport, smart, casual… le tout en référence au style Buffalo qui fusionne couture et streetwear, explique-t-il. J’ai toujours été attiré par cette tendance, elle est ancrée dans mon travail. »

Le créateur a ainsi intégré le cool londonien de Ray Petri à la palette de couleurs Dior et à son savoir-faire en matière de couture. Des effets trompe-l’œil sont appliqués au denim, la peau lainée reproduit la coupe des vestes en jean, le cannage devient matelassé… Mini-kilts par-dessus les pantalons, gilets de tailleurs, bombers MA-1, bottes militaires, décorations et insignes… les clins d’œil Buffalo viennent twister les classiques de la maison. Sans parler du costume, plus fluide, combinant formel et informel.

« Non seulement, nous nous sommes éloignés de la rigidité de l’épaule ferme et stricte pour quelque chose de plus doux et de plus malléable, mais nous avons également embrassé le potentiel de ce qu’est le tailoring, au-delà des questions de construction, raconte Kim Jones. C’est la manière de porter le vêtement qui importe. Il ne s’agit pas d’être dirigé, mais bien d’être libre de porter ce que vous voulez comme vous le voulez. »    

par Hélène Claudel

 

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