Lancée l’année du 40e anniversaire du calibre 240, la Calatrava 6006G suscite toutes les passions, cinq ans après sa sortie des collection. Une pièce de légende.
Son cadran « graphique deux tons », épuré et d’une lisibilité parfaite, suscite, dès sa sortie en 2017, l’enthousiasme des amateurs. Sur son fond noir, un premier chemin de fer, gradué de 1 à 31, indiquait alors la date tandis qu’un second chemin de fer, placé plus près du centre, affichait les heures à l’aide d’aiguilles bâton ajourées. La petite seconde décentrée, placée entre 4H et 6H, achevait de donner à cette Calatrava un « visage » unique. Plus que par son mouvement, déjà bien connu des collectionneurs, la 6006G séduisait par son esthétique minimaliste. Elle n’était cependant pas totalement nouvelle.
Les compteurs de Ferrari de l’époque
Elle était l’aboutissement d’une lignée de pièces remarquables créées par la Manufacture dont la première, la réf. 5000 (d’un diamètre de 33,5 mm), avait été présentée à Bâle en 1991. Le dessin de ce cadran qui rappelle les compteurs de Ferrari de l’époque ne doit rien au hasard. Lors d’un des salons de Genève, les équipes du constructeur italien s’étaient rapprochées de Patek Philippe car ils recherchaient un cadeau à faire aux acheteurs de leurs bolides. Philippe Stern (le père de Thierry, l’actuel président) les avait reçus et n’avait pas écarté l’idée. Le bureau de design avait été enthousiasmé par l’idée de cette collaboration inspirante.
Un an plus tard, les équipes de Ferrari revenaient, trouvaient le dessin superbe mais exigeaient qu’on intègre le logo Ferrari et le nom Ferrari sur le cadran et le fond de boîte. Ce à quoi Philippe Stern leur rétorquait que seul le nom pouvait être inscrit sur le cadran uniquement. Ferrari décide alors de se retirer de l’accord. Philippe Stern aurait répondu laconiquement « pas de problème, restons-en là ». Après le départ des Italiens, il se serait tourné vers son fils et lui aurait dit « rien de grave, nous avons une belle montre pour la collection ». Quelques mois plus tard, la 5000 remportait un véritable succès à Bâle…
« Je ne fais pas d’affaires comme cela, vous avez dit non, c’est fini »
Pour la petite histoire, Ferrari serait revenu sur ses exigences et aurait reconnu que c’était finalement mieux de n’écrire Ferrari qu’une seule fois. Philippe Stern avait alors répliqué : « Je ne fais pas d’affaires comme cela, vous avez dit non, c’est fini ». La 5000 donnera naissance à la 6000 (diamètre 37 mm) puis à la 6006G (diamètre 39 mm) dont la production sera arrêtée en 2020. Un arrêt que Thierry Stern regrettera car c’était l’une de ses pièces préférées « mais il faut bien que certaines références disparaissent pour laisser la place à d’autres ». L’esprit de la 6006G perdure cependant dans la 6007A de 2020 et la 6007G de 2023.
François-Jean Daehn
