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La Michael, 80 ans en grande pompe !

Né après la Seconde Guerre mondiale pour chausser les travailleurs, le derby de Paraboot n’en finit plus de séduire les jeunes citadins de Paris à Tokyo. À tel point que son usine iséroise a du mal à suivre la cadence. 

Dès son origine, la Michael a été pensée comme « chaussure de travail », autrement dit ultra robuste et confortable.

La Michael est un peu comme un pull marin Saint James, un jean 501 ou une veste en tweed anglaise. Elle fait partie de notre panthéon stylistique. C’est un basique auquel on tient passionnément, un indémodable bien conçu, facile à vivre et ultra robuste – en 30 ans, c’est à peine s’il a fallu le faire ressemeler. Cette chaussure à plateau rappelle tant de souvenirs qu’il est impossible de s’en séparer. D’ailleurs pourquoi le ferait-on ? Le best-seller de Paraboot n’a pas pris une ride depuis sa création il y a 80 ans. C’est même tout le contraire. Ce modèle connaît depuis quelques années, comme la marque Paraboot d’ailleurs, un retour de « hype » sans précédent. 

La pièce maîtresse du vestiaire citadin

Dans les années 80, les Paninari, ces jeunes Italiens issus de la bourgeoisie milanaise, en avaient fait une pièce phare de leur style avec les pulls Ralph Lauren et les doudounes colorées Moncler. Puis, après avoir été taxés de « croquenots » pour « gentlemen-farmers-tradi », le modèle était tombé en désuétude dans les années 2000.

Aujourd’hui, la Michael est « la » pièce maîtresse du vestiaire des jeunes citadins en quête d’un style pointu. Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux pour le constater. L’occurrence « #parabootmichael » enregistre des dizaines de milliers de posts enflammés. Beaucoup d’entre eux proviennent du pays du Soleil-Levant. Les Japonais au style minimaliste sont en effet férus de l’esprit Paraboot et de ce modèle en particulier qui réunit tout ce qu’ils aiment en matière d’habillement. À savoir, l’authenticité, la technicité – avec son montage Norvégien –, l’esthétique workwear et la sensation d’emporter avec soi un petit morceau de France.

Grâce à son montage en cousu Norvégien, une technique qui a fait la renommée de Paraboot, ce derby à plateau peut être ressemelé autant de fois que nécessaire. Une vraie chaussure « increvable » mais aussi indémodable.

Créé pour les travailleurs

On ne compte plus le nombre de collaborations branchées que ce modèle inspire. Le japonais And Wander, le « colette milanais » Corso Como, le londonien Studio Nicholson, avec sa version en cerf de toute beauté ou encore le new-yorkais Engeneered Garnement… Bientôt, c’est avec Universal Works, un label anglais de vêtements de travail, que la Michael s’associera. Le mantra de la collaboration ? « La beauté dans l’imperfection ».

On y célèbre l’artisanat et l’élégance brute, un tandem naturel pour la Michael. Entre les collaborations et les éditions saisonnières, la chaussure aura été réinterprétée, telle une icône pop, dans pas moins de 250 variations, sans jamais se répéter. Et dire que ce derby est né juste après la Seconde Guerre mondiale, pensé à l’origine pour les travailleurs, les ouvriers, agriculteurs, bûcherons, en bref tous ceux qui passaient leur journée debout. Car, on ne le dira jamais assez, avant d’être une star du style, la Michael est une référence en matière de confort. 

Fixer des quotas

Désormais, à l’heure où la mode cherche du sens, la Michael prouve que certains objets – parce que bien pensés et faits pour durer – peuvent rester inimitables. Les chiffres parlent pour eux.

« Sur les 120 000 paires que nous produisons par an, la Michael représente un quart de nos ventes, assure Pierre Colin, le directeur de la communication. L’Europe, les USA, le Japon… tout le monde la veut. Comme avec l’ensemble de nos chaussures, la demande est bien supérieure à notre capacité de production. »

L’usine de Saint-Jean-de-Moirans, aux pieds des Alpes, peine, en effet, à suivre la cadence. La marque iséroise est même obligée de fixer des quotas. De là à ce qu’il y ait une liste d’attente pour avoir ses Michael, il n’y a qu’un pas. 

Huit éditions limitées

En attendant, la collection anniversaire devrait satisfaire les amoureux de la marque et surtout du modèle. Paraboot célèbre ses 80 ans en grande pompe. Huit éditions limitées (de 60 paires chacune) ont été imaginées par le designer Basile Lapray (Village PM), chacune représentant une décennie et la « vibe » qui va avec.

Exemple ? L’esprit « Mod » des années 60 est représenté par un modèle noir et blanc, les « seventies hippies » par une version en poil de vache, les années 80 « post-punk », par une Michael à clous perforée, les « nineties » et le « hip-hop » par un modèle sport d’un blanc immaculé comme les baskets Reebook Pump et ainsi de suite. 

Ces 480 modèles ainsi relookés seront répartis aux 4 coins du monde, dans les 8 concept-stores phares de la marque : Brooklyn, Brighton, Berlin, Paris (chez Royalcheese), Copenhague, Milan, Séoul et Tokyo. Telle une rock star, la Michael entame une tournée mondiale, pour entretenir sa légende et marcher à grand pas vers ses 80 prochaines années.                  

Hélène Claudel

Pour les 80 ans de son best-seller, Paraboot célèbre chaque décennie de son histoire avec une édition limitée. Pour les années 1950, le chausseur a mis l’accent sur le côté utilitaire originel de la Michael. Les sixties rendent hommage aux Mods avec une version graphique noire et blanche. Les seventies adoptent l’esprit hippie. Les eigthies, le post-punk. Les nineties, la culture basket. Les années 2000, le métal et le vinyle. La décennie 2010, l’esprit street et 2020, la mode durable. Au total huit collectors et un fabuleux voyage dans le temps !
Dernière collaboration de la maison, une Michael repensée par le label anglais spécialiste du workwear, Universal Works.