Les couleurs douces et désaturées font leur grand retour. Une tendance pleine d’optimisme qui apporte fraîcheur et élégance à la silhouette. Alors on fonce !
Sorbet citron, menthe, pistache, corail, lavande, rose… On surnomme les pastels les « teintes layette » car souvent portées par les nourrissons. Pourtant, aux XVIIe et XVIIIe siècle, les couleurs pastel étaient associées à la noblesse et à l’élégance. À la cour, en Europe, c’était même un signe de raffinement et de statut social qui distinguait les aristocrates.
« Une couleur qui n’ose pas dire son nom »
Culottes en soie lavande, gilets rose poudré et autres habits vert sauge ont d’ailleurs été immortalisés par les grands peintres de l’époque comme Maurice-Quentin de la Tour. Le pastel est une nuance pâle de couleurs primaires ou secondaires. « Une couleur qui n’ose pas dire son nom », résume l’historien des couleurs, Michel Pastoureau.
Une teinte désaturée, à ne pas confondre avec l’autre pastel, cette plante appelée « isatis tinctoria » utilisée pendant l’Antiquité et le Moyen-Âge pour ses propriétés médicinales mais aussi pour le pigment bleu qu’elle offre après transformation. Pour la petite histoire, son « or bleu » a fait la renommée du « pays de Cocagne » à la Renaissance. Pendant près d’un siècle, Toulouse et ses environs l’exportent partout dans le monde, jusqu’à l’arrivée de l’indigo rapporté des Indes. Aujourd’hui encore, autour de la ville rose, des artisans utilisent cette technique de teintures aux mille et une nuances de bleu.
Du BCBG à la French Riviera
Mais, revenons au pastel et à ses tons délavés. Ces derniers ont aussi distingué les élégants pendant les années 20 à travers des polos, des costumes et des pantalons portés en contraste avec des blazers. Impossible d’oublier le trois-pièces rose fané de Robert Redford dans Gatsby Le Magnifique. Les nuances pastel deviennent un signe BCBG évoquant autant le chic de la Nouvelle-Angleterre que celui de la French Riviera.
Aujourd’hui, ces nuances éteintes font le bonheur des costumes de cérémonie. « Les mariés veulent de la douceur, c’est fini les couleurs franches, assure le tailleur Julien Scavini. Mais rares sont ceux qui osent le costume. Ce seront surtout les gilets. Citron, rose, sauge, lilas, chamois, etc. » Au quotidien ? Ces couleurs semblent plus difficiles à maîtriser. Sauf en été. Le pastel rime avec les beaux jours. Une chemise en lin bleu ciel ou rose clair au bord de la mer sonne comme une évidence. Mais même en ville, ces teintes apportent une touche d’élégance toute en légèreté.
Esthétique du « canard mandarin »
« Une fraîcheur », disent les spécialistes. Cette tendance, déjà présente depuis quelques années dans les collections, ne semble pas faiblir en 2025. De la fantaisie oui, mais tout en sobriété. À côté des preppys Ralph Lauren et Façonnable ou des italiens Fedeli ou Brunello Cucinelli, connus pour jouer régulièrement avec une palette pastel, de nombreuses maisons s’en sont donné à cœur joie cette saison. Veste en maille vert d’eau Lardini, vue chez L’Officine Paris. Blouson bleu lavande chez Dior Homme ou rose pâle chez Hermès. Total look jaune vanille aperçu sur le défilé Kenzo. Ensemble lilas ou corail sur celui d’Issey Miyake. Trois-pièces bleu ciel et pantalon pêche pour Dunhill. C’est à se demander si la douceur n’est pas un prérequis, cette saison, pour pallier la morosité ambiante…
Quoiqu’il en soit, si ces couleurs rehaussent le teint, elles peuvent aussi anéantir la silhouette. En effet, aussi modérés soient-ils, les dégradés pastel, portés en accumulation, sont un fiasco stylistique. À moins d’apprécier l’esthétique « canard mandarin », vous vous limiterez à une seule pièce pastel par tenue, en l’harmonisant avec un coloris neutre – le bleu marine ou le beige par exemple. Le ton sur ton peut aussi être une option à condition de maîtriser l’exercice et de bien choisir les circonstances dans lesquelles il pourra s’exprimer. Typiquement, un costume lilas pour un conseil d’administration n’est pas une bonne idée. Préférez un taupe clair ou un gris perle. Les codes vestimentaires professionnels ont beau s’être assouplis, pastel et business ne font pas bon ménage.
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