Gillian Anderson, la sexologue de la série Sex Education, a recueilli les fantasmes de 174 femmes à travers le monde. Une plongée au cœur du plaisir féminin aussi instructive que fascinante.
«De quoi avez-vous envie quand la lumière est éteinte et que personne ne vous regarde ? » Voilà la question que Gillian Anderson a posé aux femmes du monde entier. On connaissait l’actrice en tant que Special Agent Scully dans X-Files, la série phare des années 90. Puis, on l’a découverte en sexologue décomplexée dans Sex Education, la série culte des zoomers. Voilà qu’aujourd’hui, elle recueille les confessions érotiques de femmes provenant de Colombie, Chine, Russie,
Angleterre, Japon, Grèce, États-Unis…
Imaginaire érotique féminin
Du BDSM au fétichisme, du polyamour au « kink » (bizarreries), du voyeurisme à la vénération ou aux orgies, ces lettres sans tabou dressent un panorama fascinant – et un poil excitant par moment, il faut bien l’avouer – du plaisir féminin. Certaines lettres sont parfois aussi précises qu’un épisode Netflix (ou plutôt Porn Hub) quand d’autres sont poignantes de solitude. Dans tous les cas, l’anonymat de ces témoignages a permis une franchise qui se ressent au fil des mots et qui laisse le lecteur presque gêné d’être cette petite souris au coeur d’une si grande intimité.
On découvre toute la richesse de l’imaginaire érotique féminin, souvent ignoré, et on comprend le rôle d’échappatoire qu’endossent ces fantasmes. Un moyen de se soustraire aux tracas du quotidien, à la routine conjugale ou au carcan social dans lequel certaines femmes se sont enfermées. Et surtout, un moyen de nourrir son désir et de se donner du plaisir. Chaque témoignage précise la nationalité, la situation familiale, la religion et les revenus de la personne qui les ont émis. On constate que les plus gros salaires ont une tendance à la domination, et les plus pieuses, au blasphème. Une chose est sûre, après la lecture de ce livre rose *, vous serez curieux de savoir ce à quoi votre femme pense pendant l’amour. Un livre à lire seul ou à deux, si affinités…
Hélène Claudel
Extraits choisis :
« Je veux qu’on m’utilise. Qu’on se serve de moi comme d’un simple orifice à baiser […] Je veux que les hommes attendent sagement leur tour. Je me fous de savoir à qui appartiennent ces queues tant qu’elles sont toutes pour moi, rien que pour moi. Je veux qu’on me regarde. Je veux un public, une foule pour m’acclamer chaque fois que je jouis. Je veux être objet plutôt que femme. » Irlandaise. Athée. Revenus annuels < 59 000 €. Mariée ou en union civile. Sans enfant.
« Je suis accoudée au bar dans un pub bondé et mal éclairé. Le long de la façade en bois du comptoir, des ouvertures sont ménagées et camouflées par des panneaux amovibles depuis l’intérieur. Ici, les femmes viennent délibérément en jupe et sans culotte, et elles se tiennent debout, appuyées tout contre les panneaux. De l’autre côté, des membres du personnel dissimulés sous le bar peuvent choisir quelle fenêtre ouvrir et qui doigter, lécher et stimuler avec un vibro en secret, parfois jusqu’à l’orgasme […]. » Néerlandaise. Revenus annuels < 17 750 €. Célibataire. Sans enfant.
« J’aimerais avoir un pénis. C’est mon fantasme. J’adore mes seins, ma féminité mais j’aimerais
avoir un pénis pour baiser une femme […]. » Équatorienne. Revenus annuels < 17 750 €.
Célibataire. Sans enfant.
« Parfois je m’imagine dans une pièce dont les murs de verre ressemblent à ceux d’une salle
d’interrogatoire : on dirait des miroirs, mais ils dissimulent en réalité un public. Et de l’autre côté, des hommes m’observent et se masturbent pendant que je me fais prendre par un robot. » Ukrainienne. Revenus annuels < 17 750 €. En couple. Sans enfant.
« Dans mon fantasme, j’ai été recueillie par des moines vivant en ermitage. En tant que seule femme, je deviens l’heureuse complice de maintes activités. […] Je veux leur faire plaisir et eux aussi ont à coeur de me satisfaire. Je remplis également mes missions quotidiennes comme faire une gâterie à tous les moines que je croise dans le couloir […] » Canadienne. Athée. Revenus < 59 000 €. En couple. Sans enfant.
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Retrouvez l’intégralité de l’article dans notre numéro n°171, disponible ici en version digitale.
* Nos Désirs, 174 fantasmes du monde entier par Gillian Anderson, éditions Denoël.