Avec la tendance du « gurkha pant », le « taille haute » est de plus en plus plébiscité par des hommes en quête de confort et de style. Une façon pour le pantalon, éternel second rôle, de devenir la pièce forte de la tenue.
Pendant longtemps, le pantalon a été le parent pauvre de la tenue. Toute l’attention était portée sur la veste. La coupe, la matière, le moindre détail. Lorsqu’il s’agissait d’un costume, le pantalon suivait, forcément assorti. Et en cas de tenue dépareillée, ce dernier était invariablement gris, bleu marine ou beige s’il était en coton (façon chino). Parfois, on osait la couleur mais toujours avec un beau blazer. Aujourd’hui, les choses changent. Les codes du vestiaire masculin ont évolué vers plus de décontraction et de confort. « Rares sont les hommes qui vont encore au bureau en costume, constate le patron de Lagonda, Philippe de Chambarlhac. Même constat chez les politiques. Regardez Michel Barnier en Une de Paris Match. Il est en pantalon gris, blazer et chemise rayé à col ouvert. Il y a quelques années, il aurait au moins porté une cravate. » C’est dans ce contexte d’assouplissement des règles du vestiaire masculin que le pantalon prend sa revanche.
Esthétique et confortable
Bien sûr le jean reste majoritairement porté mais certains hommes n’ont pas envie de s’y résoudre voulant une pièce à la fois plus esthétique et moins casual. « Les modes de vie se transforment. Par exemple, aujourd’hui, de plus en plus d’hommes se déplacent en vélo dans la capitale, remarque Martial Arnaud, le fondateur d’Artling. Avouez que pédalez en jean slim, ce n’est pas très commode ! » Cela fait cinq ans environ que le « gurkha pant » a débarqué dans la garde-robe. Japonais et Italiens au look pointu en ont fait la star des réseaux sociaux.
Ce pantalon tire son nom des soldats d’élites népalais qui ont livré une bataille redoutable contre l’armée britannique au début XIXe siècle. Impressionnés, ces derniers ont décidé de les intégrer dans leurs rangs et de leur confectionner des pantalons spécifiques. Leurs caractéristiques ? Un double pli sur le devant et deux grandes sangles qui se croisent et se bouclent sur les côtés comme des pattes de serrages. Depuis, de nombreuses déclinaisons ont vu le jour : à boucle unique latérale, à simple pli ou pattes de serrage, avec ceinture fendue à deux boutons… etc. « Cette tendance a également conduit au renouveau du pantalon à taille haute classique des années 30, note encore ce spécialiste du sur-mesure. Les hommes le portent soit avec un costume soit dépareillé comme la pièce forte de leur tenue. Ils ont compris le confort d’une telle coupe. »
Et côté bedaine ?
En effet, avec les 3 à 5 centimètres de plus qu’un pantalon classique – façon « cummerbund » –, le taille haute se porte au-dessus des hanches avec un entre-jambe plus ample et un fuselage de jambe plus large. Au-delà de l’aisance et de son côté très esthétique, ce type de pantalon présente un autre avantage : il grandit et allonge la silhouette. Avis aux hommes qui se trouvent trop petits.
De plus, lorsqu’il est à boucle et/ou patte de serrage, il permet de jouer sur une à deux tailles ce que les gourmands apprécieront. Côté bedaine ? « Ce n’est pas rédhibitoire. Il suffit d’ajouter des bretelles. Le tombé sera impeccable et offrira une jolie silhouette. » Où trouver un pantalon taille haute digne de ce nom ? Sa construction en fait une pièce sartoriale de prédilection.
Les tailleurs et experts du sur-mesure – comme Artling, Cifonelli, Scavini, Maison Pen – s’en donnent à cœur joie. En prêt-à-porter, l’italien Pini Parma propose des modèles très réussis. Quant à l’ingénieur pantalonnier, Zins, lui aussi a développé un « taille-haute », le « Bac », une réédition d’un de ses best-sellers datant des années 80. Pas de pattes de serrage, ni de boucle, juste deux plis français (tournés vers l’intérieur) et une taille réhaussée de quelques centimètres. « Un grand confort et une très belle allure », promet Frank Zins. Ce dernier a même mis au point « des dessins sur braguette », des coutures abaissées au niveau de la braguette, afin de donner l’illusion d’une taille encore plus haute et une silhouette encore plus allongée, comme par magie…
Par Hélène Claudel