Le manteau de la Royal Navy n’a pas dit son dernier mot. Tous les dix ans, il connaît un retour de hype qui fera le bonheur des preppys et des éternels étudiants.
Pierre Niney le porte pour incarner le « loser magnifique » de sa série Fiasco sur Netflix. Pourtant, le duffle-coat et son succès retentissant n’ont rien d’un fiasco ! Au contraire. Parfois jugé trop « tradi » voire ringard, le manteau des marins de la Royal Navy du siècle dernier revient en force, plus actuel que jamais. Tous les dix ans, il fait une percée sans jamais vraiment disparaître. Son nom serait issu de la ville belge de Duffel où était tissée son épaisse laine. Pendant la Seconde Guerre, le maréchal Montgomery le popularisera. Gloverall édite d’ailleurs toujours le modèle qu’il portait, le Monty, avec capuche, poches plaquées, cordelettes et cônes en bois. Un modèle décliné dans mille et une versions aujourd’hui – rouille, vert sapin, burgundy, kaki… avec doublure Union Jack ou en tartan écossais.
Un côté preppy très « Nouvelle-Angleterre »
De nombreux autres modèles ont vu le jour, notamment des collaborations pointues (Bonne Facture, le new-yorkais Blackstock & Weber, etc.) mais cette année, la nouveauté, c’est le « Puffa Duffle », une version rembourrée du duffle-coat… ça promet ! Invertère, l’autre grande maison anglaise du duffle-coat, renouvelle aussi le genre en jonglant avec les couleurs de laine. Rouge, jaune, bleu azur et notre préférée, ivoire. Juste sublime. De son côté, l’Italien Manuel Ritz imagine une version camel à porter avec des baskets. Une silhouette décontractée évoquant les « paninari » italiens, ces jeunes Milanais des années 80 épris de culture américaine. Car il y a dans le duffle-coat un côté preppy très « Nouvelle-Angleterre », une allure rafraîchissante d’éternel étudiant. Ce n’est pas un hasard si ce manteau figure parmi les intemporels de Ralph Lauren.
Un manteau militaire devenu urbain
Quoi qu’il en soit, cette pièce peut s’adapter autant à un vestiaire BCBG qu’à un univers plus sportif. Inspiré par la culture anglo-saxonne, Eden Park l’édite aussi depuis longtemps mais cette année, son classicisme est chahuté grâce à un patchwork de laine, chic et fun. Le duffle-coat éclabousse aussi les podiums. Sacai le sort avec une fermeture asymétrique, Dries Van Noten remplace ses cônes en bois par de gros boutons, Kenzo le décline dans une laine prince-de-galles, Burberry avec des empiècements de cuir et de la fourrure, quant à celui de Valentino, c’est tout de bleu ciel – y compris les attaches – qu’il est vêtu. On imagine Gregory Peck et David Niven, nos soldats des Canons de Navarone, affublés de leur duffle-coat beige, regarder tout cela avec circonspection… C’est qu’aujourd’hui, Messieurs, le manteau militaire à brandebourgs est devenu urbain et même branché.
Par Hélène Claudel