Pour la première fois, Fendi lance une collection de parfums. Sept fragrances qui racontent chacune d’entre elles une partie de la saga familiale.
Ce récit olfactif commence à Rome. Nous sommes en 1925, dans l’atelier de fourrure et de maroquinerie qu’Adele Casagrande Fendi ouvre avec Edoardo Fendi, son époux originaire d’Istanbul. Tout est encore à construire mais le nom de jeune fille de cette dernière – Casagrande – sonne comme une promesse. L’avenir le confirmera puisque cinq générations plus tard, Fendi brille parmi l’une des plus grandes maisons de mode.
Une histoire avec un autre langage
Pour évoquer les origines de la griffe, le nez Quentin Bisch a imaginé un atelier de cuir entre Rome et le Bosphore. On sent les notes sèches des peausseries, l’odeur épicée de la myrrhe, celle plus chaude de l’ambre mais aussi l’onctuosité d’une cerise liquoreuse. Baptisée Casa Grande, cette fragrance fait partie de la première collection de parfums lancée par la maison romaine. Sept essences imaginées par des pointures de la parfumerie – Quentin Bish donc mais aussi Fanny Bal et Anne Flipo. Toutes « racontent Fendi avec un autre point de vue, son histoire avec un autre langage », décrit Silvia Venturini Fendi, la directrice artistique homme et accessoires.
« Un drap blanc qui sècherait au soleil »
La petite fille de la fondatrice est à l’origine, avec Kim Jones, le styliste des collections femme, de ce projet olfactif. Une invitation à voyager au cœur de la saga familiale, à travers ses lieux et ses souvenirs. Chaque personnalité marquante de cette success-story italienne incarne ainsi une fragrance. Dolce Bacio – Doux Baiser – est inspiré par Anna Fendi, la mère de Silvia, l’une des cinq sœurs légendaires qui ont propulsé Fendi au sommet du luxe international. Ses notes florales portées par la rose de Damas fusionnent avec le côté terreux du patchouli. La sophistication incarnée. Perché No – Pourquoi pas – est justement le mantra de Silvia Venturini Fendi. Un parfum frais et épicé légèrement fumé par l’encens. « Un drap blanc qui sècherait au soleil dans le jardin de l’I Casali del Pino – la maison de campagne de la famille, NDLR », résume la créatrice.
Doux comme l’heure du goûter
Sa fille, Delfina Delettrez Fendi, a choisi pour Sempre Mio – À moi pour toujours – la fleur d’oranger du Maroc, une note qui évoque ses souvenirs d’enfance dans la vallée de l’Ourika au milieu des paysages de l’Atlas. À travers la brise marine, la figue et la fève tonka de Ciao Amore – Salut, mon amour –, sa sœur Leonetta Luciano Fendi se souvient de l’île de Ponza, entre Naples et Rome, où la famille passe encore ses vacances. Le parfum La Baguette, clin d’œil au sac mythique de la maison, rend, pour sa part, hommage à la dernière génération, Tazio et Dardo, les deux jeunes jumeaux de Delfina. Des notes d’iris poudré se mêlent à la gourmandise de la vanille et à la sensualité du cuir. C’est doux comme l’heure du goûter.
Toutes les essences de Rome
Last but not least, Kim Jones, le créateur britannique, a exploré sa jeunesse en Afrique à travers Prima Terra – Terre Première –, une Cologne boisée et cuirée. Autant d’histoires qui se racontent en flacons avec simplicité et humour. Mais pas seulement. Ces fragrances mixtes capturent aussi dans leur cœur toutes les essences de Rome. Celles de la Dolce Vita de Fellini, des vieilles pierres, du marbre de Carrare, des pins parasols et de cette sophistication naturelle qui font de Fendi, depuis presque cent ans, une maison romaine avant même d’être italienne.
Par Janis Burton