26Symbole d’une élégance intemporelle très old money, le blazer bleu marine fait son grand retour cet hiver. Et avec lui, les boutons en métal doré. Too much ?
C’est la revanche du blazer ! Ce grand classique du vestiaire masculin a longtemps été victime d’une image ennuyeuse, symbole d’une panoplie bourgeoise, jugée trop conservatrice. Ça tombe bien, c’est tout ce qu’aime le « Old Money », cette mode qui sévit ces derniers temps. Voilà pourquoi cette veste bleu marine connaît un retour de « hype » sans précédent. Plus que jamais cet hiver, le blazer s’impose comme la pièce à avoir dans son dressing et nul besoin de porter une chevalière armoriée au petit doigt pour l’endosser.
Un joli dépareillé
Cet engouement serait aussi une « réaction logique à la perte de vitesse des costumes classiques qui se portent de moins en moins », selon Vianney Houette, le patron de la maison Berteil. « Les hommes cherchent un joli dépareillé, ajoute-t-il. Le blazer présente trois avantages, il va avec tout, il est facile à porter et reste habillé. » En effet, c’est la pièce versatile par excellence. Sur un pantalon de flanelle ou un jean, un chino ou un bermuda, des souliers noir ou marron, au bureau, en voyage, le week-end… Le blazer est plus citadin qu’une veste en tweed, plus sport qu’un costume. Bref, il facilite la vie des hommes tout en leur offrant une allure sérieuse.
L’uniforme des preppy et de la Royal Navy
Ses origines ? Floues. Elles seraient à la fois sportives et militaires. Le blazer faisait partie de l’uniforme des équipes d’aviron des grandes universités anglaises. Oxford et Cambridge l’introduisent en 1820. Leurs couleurs flamboyantes – « blazing » en anglais – et autres rayures permettaient d’identifier les clubs et les équipages. Cette veste sera par la suite adoptée dans d’autres sports comme le tennis, le cricket ou le golf. Tandis que de l’autre côté de l’Atlantique, pendant les années 60, elle devient l’uniforme des étudiants de la Ivy League. L’autre histoire du blazer est celle du navire HMS Blazer. En 1837, pour accueillir à son bord la reine Victoria, le capitaine avait habillé son équipage de vestes bleu marine, croisées et à boutons dorés, une tenue qui deviendra l’uniforme de la Royal Navy.
La tendance des boutons dorés
Aujourd’hui, le blazer est de toutes les collections, des plus classiques – Ralph Lauren, Brooks Brothers, Loro Piana ou Artling – aux plus branchées – Tom Ford, Céline ou Gucci. La jeune maison milanaise, Engel & Marte, découverte au salon Pitti Uomo de janvier dernier, en a fait sa marque de fabrique. Des blazers croisés en drap de laine bleu marine mais aussi en flanelle grise, à motifs pied-de-poule, en tartan, tweed, etc. Leur point commun ? Huit boutons en métal doré ou argenté.
Car, l’autre tendance qui accompagne le blazer, c’est celle du retour des boutons qui brillent. « Dans les années 80-90, les Américains portaient des blazers vert ou bordeaux avec ce type de boutons », rappelle le tailleur Julien Scavini. Aujourd’hui, on trouve des modèles de couleur chocolat (Swann Paris), camel (Lardini) ou à motif prince-de-galles gris (Brunello Cucinelli), enrichis de ces fameuses touches dorées. Alors quoi, le bouton en métal ferait-il le blazer, au-delà du bleu marine, sa teinte d’origine ? « En tout cas, il fait partie de son ADN, assure Thibault de Drouas de Swann Paris. C’est précisément ce détail qui le distingue d’une simple veste. »
Ensuite, tout est question de contexte
D’autant qu’il en existe de toutes sortes, des boutons métalliques ! Gravés, martelés, embossés, émaillés, brossés, polis, en bronze, laiton, argent et même… en or. Too much ? Si le côté clinquant ne peut être assumé, on choisira les versions en métal vieilli ou ceux en corne pour les blazers bleu marine. Dans ce dernier cas, la matière fera toute la différence. « Un tissu texturé – flanelle, hopsack ou sergé – apportera du relief et un esprit plus décontracté, sans trahir l’intention originelle du blazer », précise le spécialiste de la mesure. Ensuite, tout est question de contexte.
Dans les tribunes d’un match de foot, les boutons dorés risquent d’être décalés. Il n’est pas sûr, non plus, que les loups de la finance ou les ténors du barreau les affectionnent beaucoup au bureau. « Au contraire, raconte Julien Scavini qui connaît bien ce type de clients exigeants. Ils cherchent le blazer épuré, très chic et surtout pas des pièces qui se voient. » C’est vrai que le croisé avec boutons dorés prend tout de suite une connotation maritime. Vous n’êtes pas à l’abri de vous faire appeler « Capitaine ». Mais peu importe. Prenez exemple sur Charles III qui le porte divinement bien.
Hélène Claudel
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