Si l’ère de la sneaker semble s’essouffler, sa généralisation a imposé de nouvelles attentes de confort instantané. Des sabots tendance aux souliers les plus traditionnels, désormais, le bien-être s’impose comme la priorité.
En 2022, les Birkenstocks de Steve Jobs ont atteint un record aux enchères en frôlant les 220 000 dollars. Bien au-delà du culte généré par le patron d’Apple, cette vente reflète l’engouement pour un style simple et décontracté – le « no style », pourrait-on dire –, symbolisé par cette sandale à la base orthopédique. Au départ destinées aux « touristes allemands », les Birkenstock, Birks pour les intimes, s’arrachent littéralement aujourd’hui. Désormais propriété de LVMH, la marque est au pied de toutes les fashionistas de la planète. Il s’en vend près de 30 millions de paires par an ! Les raisons du succès ? Avant tout leur semelle en liège qui épouse la forme du pied.
Être bien dans ses baskets, sans baskets
« L’objectif est de faire en sorte que tout le monde ait l’opportunité de glisser, un jour ou l’autre, son pied dans une Birkenstock. Après, en général, on y revient », assure Oliver Reicher, le DG de la marque qui ne quitte jamais les siennes. Le confort fonctionnel serait donc la clé. Même conclusion pour expliquer le succès des Crocs, ces sabots en plastique que Time Magazine a inclus dans les 50 pires inventions au monde. Des « chausses » qui ont pourtant fait des émules puisque désormais, les grandes maisons, comme Loro Piana ou Dior, les réinventent en version luxe. Et que dire du renouveau de Mephisto, la chaussure qui depuis 60 ans mise sur « le confort avant tout » ? Les fans des « dad shoes » en raffolent. Des modèles dotés de « airbag systems », « shock absorbers » et autres solutions techniques… Au-delà du phénomène de mode, c’est bien de confort dont il s’agit ici encore avec cette volonté généralisée d’être « bien dans ses baskets ». Sans baskets.
Depuis plusieurs décennies, les ventes de sneakers dépassent celles des chaussures de ville. Mais la tendance visant à faire primer l’aisance sur le formalisme a aussi gagné le cœur des « vrais » chausseurs. Tous se sont convertis aux (beaux) sneakers mais surtout ont intégré cette notion de confort dans leurs propositions plus classiques. À l’image de la mode qui mise sur le dépareillé, les coupes fluides et les matières réconfortantes, le « bien-être » ou plutôt le « bien-chausser » s’impose comme la priorité absolue du monde du soulier.
Hélène Claudel
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